Notre Histoire
Au cours des années 1940, le christianisme, religion fondée sur l'enseignement de Jésus-Christ, connut une expansion assez lente dans la zone Akyé-Lépin après le passage éclatant des missionnaires catholiques dont l'œuvre d'évangélisation a permis l'implantation d'une église catholique à Grand-Alépé. Ce village dont le peuple était si rattaché aux pratiques païennes et ancestrales, comptait uniquement très peu de fidèles chrétiens catholiques. Ceux-ci vivaient tant bien que mal leur foi en s'appuyant sur les enseignements et conseils que leur prodiguaient les missionnaires qui les visitaient presque tous les dimanches. C'était une période à la fois très sensible et très agitée marquée par les excès et abus des colons français qui réquisitionnaient constamment la population pour toutes sortes de travaux. La population n'ayant pas encore accepté Dieu, la pratique de la sorcellerie, de l'occultisme et de l'idolâtrie était aussi à son paroxysme, semant ainsi le désastre, la terreur, et la désolation dans le village. La famine sévissait partout, tant les cultures vivrières étaient ravagées par d'étranges animaux féroces. De façon insolite, la terre était devenue aride, rendant les sols infertiles. Les grossesses étaient aussi rares et les accouchements étaient souvent accompagnés d'un certain nombre de rites et de pratique dégradantes qui contraignaient malheureusement l'accouchée ou la femme en périodes de menstrues à vivre loin du foyer conjugal ou familial jusqu'à la fin de sa période d'impureté.
En 1942, face à ces situations malheureuses et déplorables qui constituaient un véritable obstacle pour le développement de Grand-Alépé, Hobi OGUI Abè, alors Chef du village, convoqua une réunion d'urgence sur la place publique afin qu'une solution définitive fût trouvée. le peuple Lépin, ayant eu vent de nombreuses guérisons miraculeuses et des merveilles opérées par le Seigneur à travers la mission prophétique d'un Noir répondant au nom de William WADE Harris, décida de l'envoi en mission d'une délégation auprès de la communauté harriste d'Abobo-Té.
La mission assignée à cette délégation de trois personnes à savoir Georges AMON, Prosper KOUANDJO et Mathurin ASSA (Secrétaire du Chef) était de solliciter la venue du Prédicateur Supérieur Noah TCHINTCHIN à Grand-Alépé pour une campagne d'évangélisation et de délivrance devant finalement aboutir au baptême de tous ceux qui n'avaient pas encore accepté le Seigneur. Quelques jours plus tard, la délégation arriva à Abobo-té où elle fut reçue par Noah TCHINTCHIN, en présence des hauts dignitaires de son église. Ces derniers, ayant encore en mémoire l'humiliation, les brimades et menaces de mort dont l'homme de Dieu et sa suite furent l'objet quelques mois plus tôt lors d'une mission effectuée a Montézo 'village situé à 2 Kilomètres de Grand-Alépé), exigèrent de leurs hôtes un laissez-passer en bonne et due forme. Ce document dont l'obtention relevait en son temps d'un véritable parcours du combattant, devrait non seulement aider à agrandir la sécurité de l'homme de Dieu et sa suite, mais aussi et surtout aider à rendre légale et officielle leur mission à Grand-Alépé.
Toutes les formalités administratives ayant été remplies par la chefferie après de longues et multiples démarches auprès de l'administration coloniale basée à Grand-Bassam, TCHINTCHIN et sa suite foulèrent pour la première fois le sol du village de Grand-Alépé, animés d'une grande sérénité et d'une farouche volonté d'œuvrer puissamment sous la conduite de l'Esprit-Saint afin de ramener les âmes égarées à Christ. C'était le Samedi 24 octobre 1948, jour faste et mémorable pour le peuple lépin qui avait soif de changement et de paix.
Personnalité à la fois fascinante et humble, le Prédicateur Supérieur Noah TCHINTCHIN s'adressait à l'assemblée avec simplicité, aisance et amour. s'appuyant sur les faits bibliques; il décrivait les tourments de l'enfer pour les incrédules et les méchants mais aussi la bénédiction et le salut pour ceux qui accepteraient désormais de donner leur vie au Seigneur. L'homme de Dieu, après avoir prôné la justice, le pardon, l'humilité et l'amour, invita le peuple lépin à obéir à ''GNANKAN'' ( DIEU en Ebrié) le Dieu unique, le créateur du monde et à observer dans la fidélité et la soumission ses commandements, lesquels il s'empressa d'énumérer avec maestria.
Il exhorta alors l'assistance à se détourner de l'idolâtrie, de la sorcellerie et du fétichisme et à s'engager pleinement dans la voie du Seigneur; une voie arrosée et aplanie par le sang de son Fils JESUS mort à la croix pour nos péchés. Fort de tous ces enseignements, et face à la volonté manifeste du peuple lépin de sceller une véritable alliance avec le Dieu vivant, TCHINTCHIN procéda au baptême de tous ceux qui n'en avaient jamais reçu, dont Hobi OGUI Abè le chef du village, faisant ainsi de tous ces néophyte, des fidèles harristes.
Le séjour de TCHINTCHIN à Grand-Alépé fut riche en évènements, tant les merveilles de Yahvé-Shalom, le Dieu vivant et se manifestaient chaque jour. informé des actions nuisibles de l'ennemi dans le village, le serviteur venu d'Abobo-Té s'employa à démontrer la puissance et le pouvoir du Dieu d'HARRIS sur les génies, les esprits démoniaques et les forces maléfiques qui hantaient constamment le village et y semaient la terreur. Un jour, poussé par l'Esprit-Saint, l'homme de Dieu, muni de sa canne-croix, décida de faire le tour du village avec sa chorale pour visiter les ruisseaux, les rivières et repaires des forces des ténèbres afin de les exorciser et les confier au Seigneur. Au cours de cette procession qui draina du monde, TCHINTCHIN se retrouva au bord d'un ruisseau ''sacré'' dénommé ''ABOÊ SÔ'' , la chorale chantant pour la circonstance des cantiques d'exorcisme très enlevés.
Le but visé par le prédicateur Supérieur était de chasser et mettre hors d'état de nuire ce serpent mystérieux dont tout le corps, dit-on, serait recouvert de cauris et apparaitrait régulièrement dans ce ruisseau que de ce fait, personne n'osait fréquenter ni en consommer l'eau.
TCHINTCHIN descendit dans l'eau avec sa canne-croix puis, d'une voix tonitruante, il adressa, au son des cantiques, une forte et intense prière d'une douzaine d minute à Dieu tout-puissant, sous le regard curieux et inquisiteur des nouveaux convertis. A la fin de cette prière suivie de la récitation du ''notre Père'' en langue Ebrié, l'homme de Dieu recommanda au peuple lépin de ne plus rien craindre et de faire usage de l'eau de ce ruisseau pour tous leurs besoins et à n'importe quel moment car, rassura t-il, plus jamais, aucun esprit, aussi puissant fut-il, ne pourrait nuire à quiconque aurait véritablement donné sa vie au Seigneur. Cette démonstration de puissance, à laquelle s'ajoutèrent bien d'autres faits, aida à consolider davantage la foi des nouveaux convertis et à instaurer la sérénité et la paix dans le village.
